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Rencontre avec le créateur de Calage, le franc-comtois Cédric Besson qui nous parle de son expérience partie d'un service rendu à son épouse et qui se poursuit aujourd'hui par le lancement d'un produit qui intéresse des distributeurs dans le monde entier; Histoire d'une success story made in Jura.
Vous avez souhaité que votre invention soit fabriquée en totalité dans votre département. Est-ce facile de raisonner ainsi ?
« Non car c’est un vrai chemin de croix. J’ai d’abord été sollicité par des fabricants étrangers. Comment ont-ils su ? Je n’en sais rien. On m’a même proposé de partir au Canada où j’aurais eu une bourse confortable ! C’était tentant. Je suis toutefois quelqu’un de têtu et je voulais que Calage reste français et j’ai réussi : il est même 100% made in Jura. Ça n’a pas été facile mais j’y suis arrivé. 
Comme souvent ce sont des rencontres qui sont décisives. Là ce fut avec Joël Béraldin, dirigeant de RGF (Bourbon Plastindustrie) à Moirans-en-Montagne. La logistique est également restée en Franche-Comté avec EG Prestation à Vesoul. 
J’ai envie de tordre le cou à l’adage : nul n’est prophète en son pays ! »
 
Avez-vous trouvé des soutiens locaux ?
« J’ai fait le salon Made in France grâce à la Chambre de métiers et de l’artisanat du Jura. J’y ai rencontré des spécialistes des secteurs seniors, enfance, éducation nationale, santé … Je suis également soutenu par la CCI, le Grand Dole, la BPI, la BGE, France Active et Territoire Initiative Entreprendre. »
 
Calage sera distribué à un prix final que vous avez imposé à vos distributeurs. C’est une démarche osée !
« Dès qu’on sort quelque chose qui a trait à l’apprentissage, à l’aide aux malades, les industriels et tout le système commercial pratiquent des prix qui ne sont pas toujours justifiés.  Or je souhaite que Calage soit vendu à un prix maximal de 70 € TTC pour le destinataire final. Je n’ai pas envie d’engraisser des gens sur le dos des malades ! Je suis là pour proposer quelque chose d’utile au plus grand nombre, pas pour faire un trou dans le budget de quelqu’un ! »

Vous allez bientôt participer à la recherche dans le domaine des supports techniques aux malades, quelles études avez-vous suivies ?
« Je n’ai pas le bac. J’ai écourté mes études pour partir à l’armée. Pourtant dans le domaine de la neurologie, de la géronto-psychiatrie, de la gériatrie, mon produit répond à une attente des professionnels. Ce sont eux qui ont aiguillé mes recherches. À l’arrivée j’ai conçu un produit dont toute la simplicité réside dans sa complexité. »
C’est à dire ?« Il y a d’abord l’utilisation du plexiglas qui a les avantages du verre et ceux du plastique sans les inconvénients de l’un et de l’autre. La transparence permet de ne pas brouiller la fonction cognitive en envoyant une information de couleur.
Ensuite j’ai fait réaliser des pièces (lettres, chiffres, formes) à la taille qui est présentée comme idéale de préhension soit 38 mm mais en l’abaissant un peu pour obliger les doigts à travailler. 
Calage répond aux trois normes les plus exigeantes : NF (France), CE (Europe) et ASTM (pour le marché international et notamment l’Amérique du Nord).
À l’arrivée c’est un produit basique qui convient de 3 à 119 ans. À l’échelle de la planète cela fait quelques milliards de personnes ! »
 
Partie d’un service que vous rendez à votre épouse, l’idée débouche sur une entreprise dont l’expansion s’annonce sans réelle limite, comment le vivez-vous ?
« Pour moi c’est d’abord transmettre mes valeurs dans l’entreprise, puis aider des personnes, faire avancer les choses. Si je peux en vivre c’est formidable.
 C’est une belle histoire qui commence au fond d’un garage, comme Apple. Sauf que là c’est vrai ! »